Il commence comme apprenti chez deux marchands de textile à Londres, ce qui lui donne une grande connaissance des matières et des besoins. Il s’installe à Paris en 1845, où il travaille chez Gagelin, une enseigne de textile, prêt-à-porter et châles. Il ouvre dans cette maison une filière « couture » et créé ses premiers modèles, puis ouvre sa propre maison de couture. Nous sommes en 1858, et « il »,c’est Charles Frederic Worth (se prononce « Vort »), inventeur de la mode telle que nous la concevons encore aujourd’hui.
Comment en est-il arrivé à cette conception? Il se dit artiste, donc au lieu de répondre à la commande de ses clients, c’est lui qui dessine et réalise ses modèles. Il limite par ce biais le choix du client à la couleur du vêtement et au tissu. Il présente ses vêtements sous formes de collections, portés par les premiers mannequins vivants (dont sa femme et muse, rencontrée chez Gagelin), défilant dans des endroits somptueux. Il initie le cycle de collection Automne/Hiver, Printemps/Eté.
Une robe à tournure signée Charles Frederic Worth, 1885 (source: http://ornamentedbeing.tumblr.com/post/3338203018)
De ce moment aux année 1900, une vingtaine de maisons de couture se crééent. Parmis les plus célèbres, on peut citer Callot soeurs, Jacques Doucet, Jeanne Paquin, Félix…, qui sont visibles lors de l’Exposition Universelle de 1900.
Robe du soir Jeanne Paquin, entre 1905 et 1907 (source: http://edwardianera.tumblr.com/post/607647077/mme-jeanne-paquin-evening-dress-1905-1907)
Callot soeurs, robe du soir, entre 1910 et 1914 (source:http://www.metmuseum.org/works_of_art/collection_database/the_costume_institute/dress_evening_callot_soeurs/objectview.aspx?collID=8&OID=80002285)
Un somptueux manteau Jacques Doucet, 1905 (cette photo vient d’un site de vente vintage en ligne, accrochez-vous bien avant de lire le prix! http://vintagetextile.com/new_page_363.htm).
Jusqu’en 1914 vont se suivre différents styles, allant jusqu’aux premières suppressions définitives du corset (qui fera une réapparition avec les guépières dans les années 50). Le corsage reste près du corps et terminé d’un col haut couvrant le cou, puis des robes romantiques reprenant les formes anciennes: manches gigot, jupe assez amples, décolleté. Les femmes pratiquent de plus en plus le sport, notament le tennis, le vélo et le golf. Apparaissent donc des tenues adaptées.
Une tenue de tennis vers 1900 (source: http://bmarcore.perso.neuf.fr/tennis/avant14/france-2.html)
Paul Poiret, qui cherche à supprimer les contraintes imposées au corps des femmes, ne baleine plus ses robes qu’à la ceinture, afin de donner une silhouette fine sans comprimer le buste. Il est à l’origine aussi de la mode aux robes droites, telles qu’on les voyait sous le Directoire, dont il s’inspire. L’orientalisme est à la mode, et lui est une seconde source d’inspiration. Il créé le style « sultane », inspiré des costumes de ballets russes alors à la mode, ainsi que des vêtements traditionnels orientaux (le caftan par exemple).
Paul Poiret par Paul Iribe, 1908 (source: http://www.histoire-costume.fr/paul-poiret/)
Mais l’Europe gronde, la guerre approche. Le 1er août 1914, la mobilisation est décrétée et la France entre en guerre. Au cours de cette période, tout manque et notament le tissu. Certaines grandes maisons ferment momentanément leurs portes. De toute façon, l’esprit n’est plus vraiment aux futilités. Un très grand nombre de femmes et d’enfants deviennent veuves et ophelins. Les femmes doivent prendre la place des hommes dans les travaux des champs, ou dans l’artisanat, ou encore dans les usines, car la vie continue malgré l’horreur et la misère du moment. Le choc est d’autant plus difficile que tout le monde reste persuadé que la guerre ne durera que quelques jours… Elle durera quatre ans.
Une femme en salopette (bleu de travail) pendant la Grande Guerre, dans une usine de munitions (source:http://embruns.net/carnet/quebec/quebec-seconde-guerre.html)
Enfin, l’Armistice est signé le 11 novembre 1918. S’ensuit alors une période que l’on nomme Années Folles, et ce nom n’est pas en vain. Même si les festivités, pour plusieurs raisons, n’ont pas cessées pendant quatre ans de guerre, il s’agit à présent d’un renouveau culturel. Lettres et littérature, peinture, sculpture, mode, musique, danse, à toutes disciplines s’ajoute une influence étrangère, due au cotoiement de diverses nationalités au cours de la précédente guerre. Pèle-mèle, on découvre le jazz, les peintres surréalistes ou le music-hall.
Deux femmes à la terrasse d’un café au temps de l’après-guerre (source:http://www.linternaute.com/actualite/magazine/photo/les-annees-folles-en-photos/les-lecteurs-devoilent-la-femme-des-annees-folles.shtml)
Les années 20 sont aussi une période ou la femme change vraiment de vie: tout autant que pendant la guerre, la plupart d’entre elles, veuves et devant élever des enfants, doivent travailler pour subvenir à leur besoin. Depuis plusieurs années, elles doivent donc s’habiller différemment. La mode doit donc changer…