En 1969 eut lieu un bal qui est resté dans les mémoires. Vous rappelez-vous de ce malheureux hôtel particulier de Paris, l’hôtel Lambert, où un incendie s’est déclaré récemment? Eh bien cette demeure était la propriété d’Alexis de Redé, un homme d’affaire hors paire issu d’une grande famille juive austro-hongroise; Il vivait dans le cercle très fermé du « beau monde » dont il a fait parti pendant plusieurs décennies. Il collectionnait le mobilier du XVIIIème siècle et était réputé pour l’excellence de son goût. Il n’excellait pas moins dans les affaires et restaura la fortune d’un industriel chilien – et au passage, parvint à devenir plus riche lui!
Cette richesse lui permettait de vivre dans un raffinement merveilleux et de collectionner les objets d’art dont il raffolait. La légende raconte qu’un jour, il fit l’acquisition d’un mouchoir indien en soie brodée. Il eut alors l’idée d’un bal fastueux, inspiré par l’Orient. Ce bal devait naturellement se tenir à l’hôtel Lambert, où il étalait ses merveilleuses collection et où, lorsqu’on y pénétrait, on avait le sentiment d’entrer dans l’intimité d’une demeure d’un autre âge.
Les journaux de l’époque se sont fait dithyrambiques sur le caractère féérique et exceptionnel de ce bal. Du décor aux quatre-cents invités triés sur le volet, rien n’a été laissé au hasard. Lorsqu’ils arrivaient dans la cour de l’hôtel, les invités étaient accueillis par deux éléphants blanc en papier mâché, monté par leurs cornacs. Dans l’escalier qui menait à l’étage noble, de jeunes et beaux hommes africains portaient des torches qui éclairaient le chemin. La salle de bal ne fut évidemment pas oubliée. Monsieur de Redé avait horreur du vide, de la laideur et de la banalité: il donna des ordres pour que les plats du buffet soient toujours remplis. Il mit du parfum au jasmin sur tous les bouquets. Il fit annoncer ses invités par un héraut vêtu de noir, et lui-même, s’étant fait prince moghol, accueillait les heureux élus en haut de l’escalier.
On dit aussi que pas un invité ne portait le même costume que l’autre. Certains étaient extravagants, d’autres, comme la belle B.B, quasiment nus (elle ne portaient que deux bandeaux qui cachaient sa féminité), d’autres encore portaient des créations d’un grand raffinement, réalisées par les plus grands couturiers français. Empereurs turques et chinois, indiennes en sari, danseuses cambodgiennes, rien n’a manqué à l’imaginaire oriental qu’illustrait ce merveilleux bal…
Ici sur TipsImages, il y a quelques photos de ce bal, mais on n’y voit malheureusement pas les décors.