Chanel est l’un des plus grand nom de la mode française. A l’origine de la société, il y a une femme au caractère affirmé: dés sa jeunesse, elle est animée par une détermination que rien ne peut entraver. Elle veut à tout prix « réussir », en d’autres termes, faire fortune.
Gabrielle Chanel est née le 19 août 1883 à Saumur. Elle est la deuxième de cinq enfants, trois filles et deux garçons. Sa mère meurt lorsque Gabrielle a douze ans. Son père l’abandonne alors sous le prétexte (inventé par Chanel) d’aller faire fortune en Amérique. Ses deux soeurs et elle-même sont accueillies dans un orphelinat en Corrèze, lequel est situé dans une abbaye cistercienne. Ce seront six années rigoureuses mais bénéfiques: elle y puisera son inspiration. Ses frères sont placés dans une ferme comme garçons à tout faire.
Lorsqu’elle a dix-huit ans, Chanel apprend la couture chez les chanoinesses de l’institut Notre Dame de Moulins; en 1903, à vingt ans, elle travaille à la Maison Grampayre, atelier de confection spécialisé dans les trousseaux et vêtements de bébé.
Mais la jeune femme n’a pas la moindre intention de se contenter de ce qu’elle a. Elle s’imagine d’abord dans une carrière de music-hall. En voyage à Vichy où elle séjourne chez un oncle, elle fait quelques apparitions muettes puis vocales, au café-concert « Le Beuglant de la Rotonde ». Le public est constitué entre autres d’officiers, lesquels la surnomme Coco, en raison d’un air qu’elle chante devant eux: « Qui qu’a vu Coco dans l’Trocadéro ».
C’est une jolie jeune femme et elle est très courtisée. L’un de ses admirateurs est Etienne Balsan, officier qui vient de prendre sa retraite pour se consacrer à son écurie de course. Ils deviennent amants. Balsan l’introduit dans la bonne société, lui fait découvrir une autre façon de vivre. Mais elle s’ennuie et romp leur relation. Ils resteront toujours amis.
Chez Balsan, elle rencontre son plus grand amour, et c’est ce personnage qui sera déterminant pour la suite de sa carrière. Arthur « Boy » Capel est un riche homme d’affaire, fils d’un banquier, et fait fortune surtout pendant la Grande Guerre dans le transport de charbon. Mais après la guerre, il doit se soumettre à un mariage arrangé, ce qui ne l’empêchera pas de rester fidèle à Coco.
Pendant ce temps, cette dernière ne reste pas inactive. Elle commence déjà à se forger une allure lorsqu’elle se rend sur les hippodromes: elle fait elle-même ses tenues et ses chapeaux, portés bas sur le front, inspirés d’une modiste de l’époque, Lucienne Baraté, qui l’a initié à la chapellerie. Elle mélange les styles: elle apparait en écolière ou en garçon manqué, en empruntant au vestiaire masculin.
Gabriel Chanel s’installe boulevard Malesherbes, dans la garçonnière de son protecteur Balsan, et commence à fabriquer et revendre des chapeaux. Devant ces chapeaux à la fois simples et sophistiqués, d’un style très nouveau, dénués de décorations excessives, le succès est tel qu’elle doit faire appel à deux membres de sa famille pour se faire aider.
Boy Capel prend alors partiellement les choses en main: en 1910, il lui fournit un fond financier pour l’ouverture de son premier salon de modiste, Chanel Mode. A Dauville, durant l’été 1913, il loue une boutique qui portera le nom complet de sa maitresse, Gabrielle Chanel. Le succès continue, la boutique ne désemplit pas. En 1915, elle obtient le même succès à Biarritz, où elle ouvre son premier vrai salon de couture. La guerre éclate, le tissu manque, qu’importe! en excellente femme d’affaire qu’elle est, elle s’adapte en créant des tenues légères, notament pour le sport. L’influence du vestiaire masculin, que l’on sentait déjà, se confirme: elle se met à destructurer la silhouette. Elle a depuis longtemps supprimé le corset; elle en vient à dissimuler le buste sous des formes larges et amples.
Après la guerre, elle s’attache à la création d’une maison de couture à la mesure de ses talents: elle emploie trois-cents couturières. Elle parvient aussi à rembourser Capel et prend donc enfin une totale indépendance face à ses affaires. En 1919, sa vie est bouleversée par la mort de son amant, dans un accident de voiture, et se raccroche à son travail, afin de ne pas se laisser ronger par le chagrin. En 1921, elle s’installe rue Cambon et le temps passant, elle annexe plusieurs numéros, et possède aussi ses propres fabriques de tissu en Normandie.
Bourjois, fondé par les frères Wertheimer, commercialise ses parfums, autre révolution dans la mode. En effet, elle est la première couturière à créer ses propres parfums. Le premier d’entre eux, et le plus célèbre, est le N°5, dont le flacon est inspiré des flasques de vodka des militaires russes.
L’ultra-connu flacon du N°5
Elle continue d’adapter au costume féminin des pièces vestimentaires masculines: ainsi en est-il du chandail ou de la veste en tweed. Le leitmotiv est toujours le même, créer une silhouette simple et élégante dans des vêtements confortables, idéalisant l’image d’une femme moderne et dynamique.
Une des images les plus évocatrices, hormis les parfums, est « la petite robe noire » de 1926. Là encore, une grande nouveauté; le noir était alors réservé au deuil. Comme toujours, la forme est très simple, droite et effaçant le buste. Elle est très vite intégrée à la garde-robe des années 20 et 30.
Un style simple, certes, mais pas dépouillé. Chanel refuse le qualificatif de « genre pauvre » donné à son style, et agrémente ses tenues de bijoux, dont la création est confiée à Etienne de Beaumont, Paul Iribe et Fulco di Verdura.
La Seconde Guerre Mondiale éclate à son tour. Elle ferme boutique, licencie son personnel et se concentre sur son activité de parfums. Inquiétée après la guerre par les Forces Françaises de l’Intérieur, mais très vite relâchée, elle s’installe en suite, tout en retournant séjourner à paris.
Mais un revers moral ne tarde pas à arriver en la personne de Christian Dior… Avec sa Ligne Corolle, il prône le retour à la silhouette classique: buste moulé, enserré dans un corset ou une guépière, jupe large, talons hauts. Chanel revient en 1954 avec une collection dans laquelle plus que jamais sera imprimé son style. Elle a alors 71 ans. Mais Dior est définitivement vainqueur et la nouvelle collection Chanel reçoit mauvais accueil. Pourtant, elle reste indémodable: certaines actrices comme Romy Shneider ne jurent que par elle.
La mini-jupe de Mary Quant est une nouvelle occasion pour Chanel d’affirmer ses idées. Elle refuse catégoriquement de montrer les genoux qu’elle juge laids.
Restée très seule, elle séjourne au Ritz depuis quinze années quand elle meurt paisiblement, à 87 ans, le 10 janvier 1971.
Elle laisse un immense empire de la mode: vêtements, bijoux, accessoires…, elle a tout embrassé et sa marque est indélébile. Karl Lagerfield, depuis 1983, restitue fidèlement l’héritage de la grande créatrice dans chacune de ses collections. La maison est présente dans le monde entier et son parfum N°5 est très certainement l’un des plus connus. Chanel, ou l’élégance à la française…